Serge Gainsbourg

Serge Gainsbourg, Chambre 1

Serge Gainsbourg (de son vrai nom, Lucien Ginsburg) naît le 2 avril 1928 à Paris de parents immigrants russes, juifs, peintres et musiciens, Joseph Ginsburg et Olia Besman. Ils ont quitté leur pays natal en 1919, pour fuir la révolution Bolchevique et rejoindre le frère d’Olia, installé à Paris. Joseph, premier prix de piano au conservatoire de musique, est pianiste dans des bars et des cabarets. Il donne très tôt à son fils le goût de la musique classique et du jazz et l’initie au piano. Passionné de peinture, il inscrit également son fils âgé de treize ans dans une académie d’art.

Pendant la seconde Guerre mondiale, Lucien porte l’étoile jaune et est contraint de se cacher dans un internat. La famille échappe heureusement à la déportation. Après la guerre, le jeune homme est en échec scolaire. Il s’inscrit cependant en école d’architecture mais abandonne définitivement sa formation deux ans plus tard. A cette époque, il peint des femmes nues et rencontre Elisabeth Levitsky, une fille d’aristocrate russe qu’il commence à fréquenter. Parallèlement, il s’inscrit dans une école de musique pour apprendre le solfège. Il effectue ensuite son service militaire au cours duquel il développe un tempérament solitaire et mélancolique. A son retour, il trouve un emploi d’éducateur pour les enfants juifs et les jeunes rescapés des camps nazis au Centre de Champsfleur. Pédagogue né, il s’entend merveilleusement bien avec ces enfants et leur fait découvrir le dessin et la peinture. Là-bas, il compose ses premières chansons qu’il interprète à la guitare lors de veillées.

Serge Gainsbourg débute en 1954 en tant que pianiste à Saint-Germain-des-Prés. Séduit par la verve réaliste de Boris Vian, il adopte bientôt, pour résister aux années yéyés, un style singulier, décalé, alimenté de double sens et d’allusions érotiques (Les sucettes à l’anis, 1965). Les années 1970 consacrent ce poète lucide et moderne aux influences souvent littéraires, anglo-saxonnes et métissées (L’ami Caouette, Je suis venu te dire que je m’en vais, Couleur café), qu’il écrit pour de nombreux interprètes.

En 1966, avec Qui est in ? Qui est out, il inaugure une série de 45 tours rock. Il tourne dans la comédie musicale Anna pour la télévision aux côtés de Jean-Claude Brialy et d’Anna Karina. Il en signe également la bande originale. Il collabore ensuite avec Brigitte Bardot et lui offre coup sur coup deux succès Harley Davidson et le duo Bonny and Clyde. Les deux artistes ont une brève liaison qui conduira à l’enregistrement de la première version du duo Je t’aime moi non plus. Mais Brigitte Bardot est mariée et décide de rompre. La rupture anéantit Serge et le plonge dans une dépression. En souvenir de cet amour perdu, il écrit l’album Initiales B.B. La même année, il écrit pour Françoise Hardy les paroles de Comment te dire adieu.

Serge Gainsbourg trouve sa rédemption dans sa rencontre avec Jane Birkin sur le plateau du film Slogan. Cette dernière est âgée de vingt ans et parviendra à apprivoiser le poète. Ils chantent ensemble pour la première fois sur la bande originale du film. Elle devient sa muse et enregistre avec lui 69, année érotique et une nouvelle version de Je t’aime moi non plus, qui cette fois-ci sera commercialisée. Ce tube, interdit dans de nombreux pays, est l’occasion pour Serge de scandaliser, une nouvelle fois après Les sucettes, les mœurs bien pensantes de l’époque. Grâce à Jane Birkin, il stabilise sa vie personnelle. Elle lui inspire un de ses albums majeurs, dont le très conceptuel L’histoire de Mélodie Nelson, que la presse encense et qualifie de « premier poème symphonique de l’âge pop ».

Le 21 juillet 1971, Jane Birkin donne naissance à Londres à une petite fille prénommée Charlotte. Dans le même temps, Serge compose le premier album de sa compagne Di doo dah. En 1973, pendant l’enregistrement de Vu de l’extérieur, sur lequel on retrouve Je suis venu te dire que je m’en vais, Serge Gainsbourg est victime d’une première attaque cardiaque. Les médecins lui déconseillent désormais de fumer et de boire. Mais le personnage provocateur de Gainsbarre, fumeur et buveur invétéré, prend forme et ne le quittera plus jusqu’à sa mort. Deux ans après l’incident, il sort Rock around the bunker, un album boycotté par les critiques pour ses propos dérangeants. La même année, il tourne Je t’aime moi non plus, son premier film en tant que réalisateur.
En novembre 1976, il retrouve l’approbation des critiques en sortant L’homme à la tête de chou. Il délaisse temporairement ses artistes féminines pour s’occuper d’Alain Chamfort. Il lui écrit l’album Rock’n rose puis l’hommage au navigateur Alain Colas Manureva. En 1978, son actualité se partage entre la sortie du tube de l’été Sea, sex and sun, bande originale des Bronzés, et Ex-fan des sixties, le nouvel album de Jane Birkin. Il clôt la décennie en enregistrant son nouvel album à Kingston en Jamaïque. Il s’attire une nouvelle fois les foudres des critiques avec le titre Aux armes et caetera. Sur une rythmique reggae, il interprète une version personnelle de La marseillaise.

Au début des années 80, fatigué des excès de Serge, Jane le quitte. Le personnage de Gainsbarre, frappé par le désespoir, poursuit sa déchéance et boit sans s’arrêter. Il continue pourtant à être un auteur-compositeur prolifique. Il retrouve le cinéma au côté de Catherine Deneuve dans le film Je vous aime dont il écrit également la musique. Deneuve devient une de ses innombrables interprètes. Avec elle, il chante en duo Dieu est un fumeur de Havane. Il lui écrit un album Souviens-toi de m’oublier. Gainsbourg ne reste pas longtemps seul. Il rencontre Bambou, une jeune eurasienne de 21 ans. En 1983, il transforme Isabelle Adjani en chanteuse le temps d’un titre, Pull Marine, et d’un album. Un an plus tard, il délivre un nouvel album à Jane Birkin, Baby alone in babylone.

En avril 1984, Serge Gainsbourg enregistre un album aux sonorités funk aux Etats-Unis. Love on the beat est la meilleure vente de sa carrière. Sur la pochette, il apparaît maquillé en travesti. Le temps d’un titre Lemon incest, il chante en duo avec Charlotte, sa fille. Deux ans plus tard, il la mettra en scène dans le film Charlotte for Ever et lui écrit son premier album. Son dernier album s’intitule You’re under arrest. Celui-ci sonne comme un hommage. Il inclut une reprise modernisé de Mon légionnaire d’Edith Piaf. Durant les dernières années de sa vie, Serge Gainsbourg renoue avec ses origines. Il écrit un album pour la jeune chanteuse Vanessa Paradis sur lequel on peut écouter Tandem et Dis-lui toi que je t’aime et offre le titre White and Black blues pour Joelle Ursulle et le concours de l’Eurovision. En 1990, il réalise son dernier film Stan Flasher. Il succombe le 2 mars 1991 à une crise cardiaque, chez lui, à Paris, épuisé par de nombreux excès.