Juliette Greco, Chambre 42
C'est dans le sud de la France, à Montpellier, que naît Juliette Gréco le 7 février 1927. Son père, corse, est policier sur la Côte d'Azur, et elle ne le verra pas souvent. Juliette et sa sœur aînée Charlotte sont élevées à Bordeaux par leurs grands-parents maternels. Enfant solitaire, Juliette passe sa scolarité dans un sévère établissement religieux.
Lorsque leur mère vient les rejoindre en 1933, elles partent toutes les trois s'installer à Paris. Juliette s'adonne alors à la danse avec passion et entre à l'Opéra de Paris. En 1939, la seconde Guerre mondiale éclate. La famille retourne dans le sud-ouest du pays, en Dordogne. La mère de Juliette devient membre actif de la Résistance ; elle est arrêtée par la Gestapo en 1943. Juliette et Charlotte remontent sur Paris et sont également emprisonnées très vite. Charlotte et sa mère sont alors envoyées en déportation à laquelle Juliette échappe en raison de son jeune âge.
Libérée, elle se retrouve seule et sans argent dans Paris, ville où elle ne connaît personne. Son professeur de français, la comédienne Hélène Duc, une amie de sa mère, l'héberge rue Servandoni. Le quartier de Saint-Germain-des-Prés est à deux pas de là et, en 1945, dans un Paris encore en guerre, Juliette traîne sur la Rive gauche de la Seine, où elle découvre une vie intellectuelle et artistique qui prendra toute son ampleur après-guerre. Elle découvre également la vie politique à travers les Jeunesses communistes qu'elle fréquente quelque temps.
Hélène Duc l'envoie suivre les cours d'art dramatique. Juliette décroche quelques petits rôles de figuration à la Comédie française, prestigieuse institution, et travaille sur une émission de radio consacrée à la poésie.
Sa mère et sa sœur libérées, elles retournent quelque temps en Dordogne. Mais après l'engagement de leur mère dans la marine nationale, Juliette et Charlotte reviennent très vite dans la capitale.
Immédiatement, Juliette Gréco replonge dans la vie de bohème qu'elle avait découvert quelques mois plus tôt. Poètes, musiciens, écrivains, peintres, tous les artistes se donnent rendez-vous autour de l'église Saint-Germain-des-Prés dans les cafés, les clubs de jazz ou les cabarets. On discute, on échange des idées, on vit en bande, c'est toute une jeunesse qui s'exprime et s'épanouit après cinq années de guerre.
Elle habite à l'hôtel et vit de petits boulots. Mais elle rencontre de prestigieux artistes et intellectuels qui l'accueillent très vite dans leur cercle. Du philosophe Jean-Paul Sartre à l'écrivain Albert Camus en passant par les jazzmen et auteurs américains très présents dans l'intense activité culturelle de Saint-Germain-des-Prés. Juliette noue des relations amicales avec de jeunes artistes et intellectuels du quartier, dont Anne-Marie Cazalis et Boris Vian. Tous remarquent cette jeune femme au tempérament révolté, grave et un brin insolent.
C'est dans l'un des bistrots de la rue Dauphine, Le Tabou, qu'elle découvre par hasard que celui-ci dispose d'une grande cave voûtée inutilisée que le patron appelle « le tunnel ». Juliette et ses copains trouvent l'endroit idéal pour y faire de la musique et danser tout en discutant philosophie. Il suffit d'une semaine pour que les curieux viennent en nombre pour observer cette nouvelle et bizarre faune baptisée « existentialistes ». Juliette, devenue la célèbre muse de Saint-Germain-des-Prés sans n'avoir rien accompli de probant, décide alors de justifier sa célébrité en optant pour la chanson. Elle devient un des piliers du lieu ; on la voit en couverture de quelques magazines et, cultivant un esprit rebelle et épris de liberté, elle est désormais une personnalité indispensable de la vie parisienne d'après-guerre.
S'y croisent toute la faune et la bohême du quartier, dont des artistes tels Boris Vian, Jean Cocteau ou le trompettiste américain Miles Davis. Jean-Paul Sartre lui confie une sorte de mélopée qu'il a écrite pour sa pièce de théâtre Huis clos et lui conseille d'aller voir le compositeur Joseph Kosma pour que celui-ci en réécrive la musique qu'il ne trouvait pas réussie. C'est ainsi que Juliette interprète La Rue des Blancs-Manteaux.
En 1949, disposant d'un riche répertoire (de Jean-Paul Sartre à Boris Vian), Juliette Gréco participe à la réouverture du cabaret le Bœuf sur le toit. Elle rencontre cette année-là Miles Davis dont elle tombe amoureuse. En 1951, elle reçoit le prix de la SACEM pour Je hais les dimanches. En 1952, elle part en tournée au Brésil et aux États-Unis dans la revue April in Paris. Toujours en 1949, Jean Cocteau lui offre un rôle dans le film Orphée.
Malgré un succès immédiat, Juliette Gréco n'est pas encore très connue du grand public. Son style reste très intellectuel et littéraire et demeure fort éloigné du répertoire éminemment populaire d'une vedette comme Edith Piaf.
En 1951, elle enregistre son tout premier disque au nom révélateur, Je suis comme je suis. Signée Prévert/Kosma, cette chanson est un des emblèmes de son travail. Avant de monter sur les scènes françaises, on la voit au Brésil et au Etats-Unis en 1952 où elle remporte un franc succès. Peu après, une longue tournée française la lance auprès du grand public vite séduit par cette personnalité mystérieuse et un peu nouvelle dans le paysage musical de l'époque. La consécration a lieu sur la scène de l'Olympia en 1954. Cette année-là, la SACEM (Société des Auteurs-Compositeurs) lui décerne son Grand prix pour le titre Je hais les dimanches signé Florence Véran et Charles Aznavour. Enfin, elle rencontre son futur époux, le comédien Philippe Lemaire, sur le tournage du film de Jean-Pierre Melville Quand tu liras cette lettre. Mais après la naissance de leur fille Laurence-Marie, ils divorceront en 1956.
Théâtre, cinéma, chanson, Juliette Gréco est partout et ses activités se multiplient. Elle repart à New-York et ses interprétations des plus grands auteurs français enthousiasment les américains. Hollywood la courtise et elle tourne avec Henri King, John Huston et Orson Welles. Le puissant producteur Darryl Zanuck devient son compagnon, mais les ambitions de l'américain ne s'accordent guère longtemps avec le besoin de liberté de la jeune française.
A son retour en France, Juliette Gréco rencontre Serge Gainsbourg un jeune musicien dont le talent est en train de renouveler la chanson française. Il lui écrit des chansons et de 1959 à 1963, elle enregistre une dizaine de ses titres dont La Javanaise en 63.
Après une intense activité cinématographique durant les années 50, Juliette Gréco se consacre plus à la chanson durant les années 60. En 1960, elle crée Il n'y a plus d'après de Guy Béart, puis en 1961, c'est Jolie Môme de Léo Ferré. La même année, elle remonte sur une scène parisienne à Bobino, puis en 1962, elle retrouve l'Olympia.
En 1965, sa notoriété grimpe en flèche grâce à son rôle dans la série télévisée Belphégor. Cependant, en dépit d'une carrière brillante, Juliette Gréco attente à ses jours. Peu de temps après, en septembre 65, elle épouse le comédien Michel Piccoli.
En 1966, elle partage la scène du TNP (Théâtre National de Paris) avec Georges Brassens pour lequel elle a une grande admiration. Déjà dans les années 50, elle avait interprété sa célèbre Chanson pour l'Auvergnat. En 1967, elle reprend La chanson des vieux amants signée d'un autre monument de la chanson francophone, Jacques Brel. Cette année-là, elle chante devant 60.000 personnes à Berlin.
Les tournées internationales s'enchaînent et les publics du monde entier apprécient la chanteuse française pour la force, la beauté et l'élégance de ses récitals. Devant un rideau rouge, Juliette Gréco apparaît sur scène dans une robe noire faisant ressortir la pâleur de son visage et l'intensité de ses expressions.
En 1968, elle inaugure la formule des concerts de 18h30 du Théâtre de la Ville à Paris. Elle y chante une de ses plus célèbres chansons, Déshabillez-moi, titre dans lequel la chanteuse joue sur l'aspect sensuel et mystérieux de son personnage.
Au début des années 70, Juliette Gréco quitte son label Philips pour intégrer Barclay. Mais avant de signer chez Polygram dans les années 90, elle changera encore plusieurs fois de label. Cette instabilité illustre peut-être une certaine perte de vitesse de sa carrière dans les années 70.
Elle est cependant de retour au Théâtre de la Ville en 1975, avant de sortir un album en 76. A ce moment-là, la plupart des titres qu'elle crée sont signés Gérard Jouannest pour la musique, qui, après avoir beaucoup travaillé avec Jacques Brel, devient son pianiste et arrangeur privilégié. Elle continue de chanter les poètes dont Pierre Seghers (Les voyous, 1975), ou Henri Gougaud (Le Merle blanc, 1975), mais reste fidèle à ses auteurs favoris dont Gainsbourg (Le 6ème sens, 1970) et Brel (J'arrive, 1970).
On retrouve Juliette Gréco en 1982 lorsqu'elle fait paraître son autobiographie, Jujube. Puis en octobre 1983, c'est à l'Espace Cardin qu'elle fait son grand retour sur une scène parisienne, retour qui s'accompagne d'un nouvel album Gréco 83. On y découvre des textes de l'écrivain Georges Coulonges, du poète Pierre Seghers, de Jean Ferrat, de Claude Lemesle ou de Boris Vian. La plupart des musiques sont signées Gérard Jouannest.
Juliette Gréco continue de voyager et de chanter dans une dizaine de pays par an. En 1988, elle participe à une manifestation musicale consacrée à la culture méditerranéenne au Café de la Danse à Paris.
En 1989, elle épouse Gérard Jouannest, son compagnon, compositeur, pianiste et arrangeur de longue date.
Avec les années 90, Juliette Gréco est beaucoup plus présente sur la scène musicale française. En 1993, sort un nouvel album éponyme sur lequel la chanteuse s'est entourée de l'auteur Etienne Roda-Gil, de Julien Clerc, et des Brésiliens Caetano Veloso et Joao Bosco. Fidèle au passé, Juliette Gréco est aussi très tournée vers la jeunesse. Les nouveaux auteurs et interprètes l'intéressent beaucoup et elle est toujours prête à les écouter, voire à travailler avec eux. De la même façon, son public touche autant les gens de sa génération que les plus jeunes. Son répertoire universel ne subit pas les modes mais les survole avec élégance.
Dans les années 2000, la chanteuse continue de donner des récitals en France et à l’étranger, où son succès est permanent. Elle s’entoure des meilleurs paroliers et compositeurs du temps, tout en rendant hommage aux plus grands comme Jacques Brel. La chanteuse se retourne sur sa carrière et sa vie passée en publiant des mémoires en janvier 2012. Dans Je suis faite comme ça (Flammarion), elle évoque notamment son enfance, sa famille, ses rencontres et ses voyages, rendant compte ainsi d'une vie extraordinaire.
Le 24 avril 2015 elle débute sa tournée d'adieu qui durera un an.
Lorsque leur mère vient les rejoindre en 1933, elles partent toutes les trois s'installer à Paris. Juliette s'adonne alors à la danse avec passion et entre à l'Opéra de Paris. En 1939, la seconde Guerre mondiale éclate. La famille retourne dans le sud-ouest du pays, en Dordogne. La mère de Juliette devient membre actif de la Résistance ; elle est arrêtée par la Gestapo en 1943. Juliette et Charlotte remontent sur Paris et sont également emprisonnées très vite. Charlotte et sa mère sont alors envoyées en déportation à laquelle Juliette échappe en raison de son jeune âge.
Libérée, elle se retrouve seule et sans argent dans Paris, ville où elle ne connaît personne. Son professeur de français, la comédienne Hélène Duc, une amie de sa mère, l'héberge rue Servandoni. Le quartier de Saint-Germain-des-Prés est à deux pas de là et, en 1945, dans un Paris encore en guerre, Juliette traîne sur la Rive gauche de la Seine, où elle découvre une vie intellectuelle et artistique qui prendra toute son ampleur après-guerre. Elle découvre également la vie politique à travers les Jeunesses communistes qu'elle fréquente quelque temps.
Hélène Duc l'envoie suivre les cours d'art dramatique. Juliette décroche quelques petits rôles de figuration à la Comédie française, prestigieuse institution, et travaille sur une émission de radio consacrée à la poésie.
Sa mère et sa sœur libérées, elles retournent quelque temps en Dordogne. Mais après l'engagement de leur mère dans la marine nationale, Juliette et Charlotte reviennent très vite dans la capitale.
Immédiatement, Juliette Gréco replonge dans la vie de bohème qu'elle avait découvert quelques mois plus tôt. Poètes, musiciens, écrivains, peintres, tous les artistes se donnent rendez-vous autour de l'église Saint-Germain-des-Prés dans les cafés, les clubs de jazz ou les cabarets. On discute, on échange des idées, on vit en bande, c'est toute une jeunesse qui s'exprime et s'épanouit après cinq années de guerre.
Elle habite à l'hôtel et vit de petits boulots. Mais elle rencontre de prestigieux artistes et intellectuels qui l'accueillent très vite dans leur cercle. Du philosophe Jean-Paul Sartre à l'écrivain Albert Camus en passant par les jazzmen et auteurs américains très présents dans l'intense activité culturelle de Saint-Germain-des-Prés. Juliette noue des relations amicales avec de jeunes artistes et intellectuels du quartier, dont Anne-Marie Cazalis et Boris Vian. Tous remarquent cette jeune femme au tempérament révolté, grave et un brin insolent.
C'est dans l'un des bistrots de la rue Dauphine, Le Tabou, qu'elle découvre par hasard que celui-ci dispose d'une grande cave voûtée inutilisée que le patron appelle « le tunnel ». Juliette et ses copains trouvent l'endroit idéal pour y faire de la musique et danser tout en discutant philosophie. Il suffit d'une semaine pour que les curieux viennent en nombre pour observer cette nouvelle et bizarre faune baptisée « existentialistes ». Juliette, devenue la célèbre muse de Saint-Germain-des-Prés sans n'avoir rien accompli de probant, décide alors de justifier sa célébrité en optant pour la chanson. Elle devient un des piliers du lieu ; on la voit en couverture de quelques magazines et, cultivant un esprit rebelle et épris de liberté, elle est désormais une personnalité indispensable de la vie parisienne d'après-guerre.
S'y croisent toute la faune et la bohême du quartier, dont des artistes tels Boris Vian, Jean Cocteau ou le trompettiste américain Miles Davis. Jean-Paul Sartre lui confie une sorte de mélopée qu'il a écrite pour sa pièce de théâtre Huis clos et lui conseille d'aller voir le compositeur Joseph Kosma pour que celui-ci en réécrive la musique qu'il ne trouvait pas réussie. C'est ainsi que Juliette interprète La Rue des Blancs-Manteaux.
En 1949, disposant d'un riche répertoire (de Jean-Paul Sartre à Boris Vian), Juliette Gréco participe à la réouverture du cabaret le Bœuf sur le toit. Elle rencontre cette année-là Miles Davis dont elle tombe amoureuse. En 1951, elle reçoit le prix de la SACEM pour Je hais les dimanches. En 1952, elle part en tournée au Brésil et aux États-Unis dans la revue April in Paris. Toujours en 1949, Jean Cocteau lui offre un rôle dans le film Orphée.
Malgré un succès immédiat, Juliette Gréco n'est pas encore très connue du grand public. Son style reste très intellectuel et littéraire et demeure fort éloigné du répertoire éminemment populaire d'une vedette comme Edith Piaf.
En 1951, elle enregistre son tout premier disque au nom révélateur, Je suis comme je suis. Signée Prévert/Kosma, cette chanson est un des emblèmes de son travail. Avant de monter sur les scènes françaises, on la voit au Brésil et au Etats-Unis en 1952 où elle remporte un franc succès. Peu après, une longue tournée française la lance auprès du grand public vite séduit par cette personnalité mystérieuse et un peu nouvelle dans le paysage musical de l'époque. La consécration a lieu sur la scène de l'Olympia en 1954. Cette année-là, la SACEM (Société des Auteurs-Compositeurs) lui décerne son Grand prix pour le titre Je hais les dimanches signé Florence Véran et Charles Aznavour. Enfin, elle rencontre son futur époux, le comédien Philippe Lemaire, sur le tournage du film de Jean-Pierre Melville Quand tu liras cette lettre. Mais après la naissance de leur fille Laurence-Marie, ils divorceront en 1956.
Théâtre, cinéma, chanson, Juliette Gréco est partout et ses activités se multiplient. Elle repart à New-York et ses interprétations des plus grands auteurs français enthousiasment les américains. Hollywood la courtise et elle tourne avec Henri King, John Huston et Orson Welles. Le puissant producteur Darryl Zanuck devient son compagnon, mais les ambitions de l'américain ne s'accordent guère longtemps avec le besoin de liberté de la jeune française.
A son retour en France, Juliette Gréco rencontre Serge Gainsbourg un jeune musicien dont le talent est en train de renouveler la chanson française. Il lui écrit des chansons et de 1959 à 1963, elle enregistre une dizaine de ses titres dont La Javanaise en 63.
Après une intense activité cinématographique durant les années 50, Juliette Gréco se consacre plus à la chanson durant les années 60. En 1960, elle crée Il n'y a plus d'après de Guy Béart, puis en 1961, c'est Jolie Môme de Léo Ferré. La même année, elle remonte sur une scène parisienne à Bobino, puis en 1962, elle retrouve l'Olympia.
En 1965, sa notoriété grimpe en flèche grâce à son rôle dans la série télévisée Belphégor. Cependant, en dépit d'une carrière brillante, Juliette Gréco attente à ses jours. Peu de temps après, en septembre 65, elle épouse le comédien Michel Piccoli.
En 1966, elle partage la scène du TNP (Théâtre National de Paris) avec Georges Brassens pour lequel elle a une grande admiration. Déjà dans les années 50, elle avait interprété sa célèbre Chanson pour l'Auvergnat. En 1967, elle reprend La chanson des vieux amants signée d'un autre monument de la chanson francophone, Jacques Brel. Cette année-là, elle chante devant 60.000 personnes à Berlin.
Les tournées internationales s'enchaînent et les publics du monde entier apprécient la chanteuse française pour la force, la beauté et l'élégance de ses récitals. Devant un rideau rouge, Juliette Gréco apparaît sur scène dans une robe noire faisant ressortir la pâleur de son visage et l'intensité de ses expressions.
En 1968, elle inaugure la formule des concerts de 18h30 du Théâtre de la Ville à Paris. Elle y chante une de ses plus célèbres chansons, Déshabillez-moi, titre dans lequel la chanteuse joue sur l'aspect sensuel et mystérieux de son personnage.
Au début des années 70, Juliette Gréco quitte son label Philips pour intégrer Barclay. Mais avant de signer chez Polygram dans les années 90, elle changera encore plusieurs fois de label. Cette instabilité illustre peut-être une certaine perte de vitesse de sa carrière dans les années 70.
Elle est cependant de retour au Théâtre de la Ville en 1975, avant de sortir un album en 76. A ce moment-là, la plupart des titres qu'elle crée sont signés Gérard Jouannest pour la musique, qui, après avoir beaucoup travaillé avec Jacques Brel, devient son pianiste et arrangeur privilégié. Elle continue de chanter les poètes dont Pierre Seghers (Les voyous, 1975), ou Henri Gougaud (Le Merle blanc, 1975), mais reste fidèle à ses auteurs favoris dont Gainsbourg (Le 6ème sens, 1970) et Brel (J'arrive, 1970).
On retrouve Juliette Gréco en 1982 lorsqu'elle fait paraître son autobiographie, Jujube. Puis en octobre 1983, c'est à l'Espace Cardin qu'elle fait son grand retour sur une scène parisienne, retour qui s'accompagne d'un nouvel album Gréco 83. On y découvre des textes de l'écrivain Georges Coulonges, du poète Pierre Seghers, de Jean Ferrat, de Claude Lemesle ou de Boris Vian. La plupart des musiques sont signées Gérard Jouannest.
Juliette Gréco continue de voyager et de chanter dans une dizaine de pays par an. En 1988, elle participe à une manifestation musicale consacrée à la culture méditerranéenne au Café de la Danse à Paris.
En 1989, elle épouse Gérard Jouannest, son compagnon, compositeur, pianiste et arrangeur de longue date.
Avec les années 90, Juliette Gréco est beaucoup plus présente sur la scène musicale française. En 1993, sort un nouvel album éponyme sur lequel la chanteuse s'est entourée de l'auteur Etienne Roda-Gil, de Julien Clerc, et des Brésiliens Caetano Veloso et Joao Bosco. Fidèle au passé, Juliette Gréco est aussi très tournée vers la jeunesse. Les nouveaux auteurs et interprètes l'intéressent beaucoup et elle est toujours prête à les écouter, voire à travailler avec eux. De la même façon, son public touche autant les gens de sa génération que les plus jeunes. Son répertoire universel ne subit pas les modes mais les survole avec élégance.
Dans les années 2000, la chanteuse continue de donner des récitals en France et à l’étranger, où son succès est permanent. Elle s’entoure des meilleurs paroliers et compositeurs du temps, tout en rendant hommage aux plus grands comme Jacques Brel. La chanteuse se retourne sur sa carrière et sa vie passée en publiant des mémoires en janvier 2012. Dans Je suis faite comme ça (Flammarion), elle évoque notamment son enfance, sa famille, ses rencontres et ses voyages, rendant compte ainsi d'une vie extraordinaire.
Le 24 avril 2015 elle débute sa tournée d'adieu qui durera un an.